Je marche parce que...
Tuesday, April 20, 2010
By: ISABELLE PERREAULT

Parce ce que le cancer m'a pris mon père, qu'il a marqué la vie de personnes chères à jamais et parce que j'ai peur moi aussi, comme tout le monde... que d'autres personnes proches de moi en souffrent ou qu'il vienne bouleverser ma vie... si fragile.

Histoire de famille...
Le cancer m'a touchée de près, il a failli me prendre ma mère et a réussi à me voler mon père...
Ma mère découvrit qu'elle était atteinte d'un cancer des ovaires alors qu'elle était déjà au stade 4.... Encore aujourd'hui, plus de 25 ans plus tard, les médecins ne comprennent pas sa guérison complète.
Ma mère est une personne de qui j'aurais aimé hérité de sa volonté et force morale. C'est d'ailleurs ce qui lui a sauvé la vie... mais moi je ne crois pas posséder cette force d'âme qui combat sans broncher contre vents et marées...
Mon père, n'a pas vaincu son combat contre le cancer. Il est décédé le 1er juillet 2008, au premier soir de mes vacances. Il n'avait que 66 ans.
Lors du Relais pour la vie de 2008, je marchais en son honneur, en espérant que la vie serait clémente et lui laisserait encore de belles années... mais sans le savoir, lorsque je marchais, les jours de mon père étaient comptés.
Cette année, c'est en sa mémoire que je marcherai, le coeur gros et pleine de rancoeur contre ce maudit cancer, mais je marcherai...
L'histoire de mon père est pathétique.
Il a pris sa retraite à 55 ans. A fait un ACV 10 jours plus tard. Est devenu invalide et partiellement paralysé d'un côté. Il a fait de nombreux ACV après le premier, qui ont toujours accéléré sa dégénérescence. Il est finalement tombé, se brisant une hanche. Lors de l'opération, mon père a contracté la bactérie SARM. Il fut donc mis en quarantaine pendant de nombreuses semaines.... mais comment reprend-t-on possession de ses moyens de marcher si on ne remarche jamais à cause qu'on est "contagieux" et qu'on est exclu de la physiothérapie?? Vive notre système de santé !
Donc, avec une nouvelle hanche, mais positif au SARM, mon père n'a jamais eu la possibilité de faire de l'ergo et de la physio. Il est demeuré couché, a fondu comme neige au soleil, perdant tous ses muscles et tonus. De plus, perdant toujours du sang, on a diagnostiqué un cancer de l'intestin: inopérable vu l'état de santé général de mon père et terminal, car il ne pourrait supporter de traitement.
Étant pratiquant immobile, pâle, maigre et confus, mon père est mort au bout de son sang, d'une hémorragie interne qui mit fin à ses jours sous la morphine. C'était mon premier jour de vacances, au Lac St-Jean,
Juste à mon arrivée au Lac, on nous a appelé d'urgence, de nous rendre à son chevet... Avant que j'arrive, mon père est tombé dans un état semi-comateux...
Toute la soirée, je lui ai parlé pendant des heures, en espérant lui dire tout ce que je pouvais... sans savoir s'il me comprenait. J'ai tout pardonné à mon père, je ne pouvais vivre avec des regrets... ce fut une thérapie en soi de me libérer.
On pourra dire que mon père m'a attendu pour partir... J'arrivais tout juste de Sherbrooke pour passer mes deux semaines de vacances estivales dans mon beau coin du Lac St-Jean.
J'ai pu lui dire au revoir, il a fermé ses yeux bleus et s'est endormi pour toujours... Je suis la dernière personne avec qui mon père a pu avoir un contact... perdu dans son nuage.
Ma mère a passé la nuit à son chevet. Vers 9h40 j'ai eu un terrible pressentiment qu'il était arrivé quelque chose... En effet, précisément à cette heure mon père a perdu son combat, et nous a quittés. Ma mère est revenue de l'hôpital les yeux pleins de larmes et m'a annoncé que papa était parti... mais je le savais déjà et j'étais inconsolable.
On n'a qu'un papa. Et moi j'ai perdu le mien.
Mauvais cancer...